Quel avenir pour les services publics ?

Les négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont suspendues sine die depuis juillet 2006. Et il en va de même pour les négociations relatives à l'Accord général sur le commerce des services (AGCS). Ce qui pourrait donc passer pour une bonne nouvelle aux yeux de ceux qui jugent particulièrement dangereuse l'ouverture au marché pour quantité de services, ne les rassure, au contraire, pas du tout. Car la libéralisation des services continue à avoir le vent en poupe, même si l'expérience nous montre qu'elle conduit immanquablement une frange de plus en plus importante de la population à ne plus y accéder.
Le bon sens populaire a bien compris que quand les personnes deviennent des clients d'une institution chargée de leur assurer les services essentiels à leur devenir, c'est le portefeuille qui règle la nature du contrat, et non plus leur qualité de citoyen.
De plus en plus de démocraties prennent conscience que la crise que traverse l'OMC ne remet aucunement en question la philosophie qui sous-entend les objectifs qu'elle poursuit.
L'arrêt des négociations nous offre une opportunité à saisir, celle d'ouvrir un large débat public sur les conséquences déjà tangibles des politiques menées jusqu'ici par l'OMC.
En région wallonne, ce débat a commencé.
Une soixantaine de villes et de communes se sont déjà prononcées "Villes hors AGCS». En octobre 2005, la ville de Liège a été le théâtre d'une importante Convention internationale pour la promotion des services publics. Convention qui a élaboré la " Résolution de Liège " qui reprenait à la fois une analyse et des alternatives à promouvoir. Un des grands intérêts de cette Convention a été de mettre fortement en avant l'importance d'un travail de défense et de promotion des services publics, réalisé ensemble avec des élus locaux, les organisations syndicales et des associations citoyennes.
Ce travail en commun initié à Liège, s'est concrétisé ensuite par d'autres initiatives intéressantes, comme un débat très ouvert en février 2006 à Charleroi. En mai de cette année, c'est l'Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW) qui a mis au point une motion au sujet de l'AGCS, motion particulièrement bien motivée et porteuse de demandes claires adressées aux gouvernements fédéral et wallon.
Sur la base de cette motion, et en appui, les villes de Liège et de Charleroi, avec la collaboration de l'UVCW, ont invité l'ensemble des élus des villes et des communes de Wallonie, les responsables wallons de la FGTB, de la CSC, et les Forums sociaux en vue, d’interpeller le gouvernement wallon. Le président de l'Association des Provinces Wallonnes a tenu à apporter son soutien à cette initiative. Celle-ci a pu manifester la richesse du débat quand différents niveaux de pouvoir se mettent ensemble pour analyser des choix politiques aussi essentiels que ceux qui sont pris dans une instance comme celle de l'OMC, ainsi que l'intérêt d'y associer étroitement les forces démocratiques actives dans le mouvement alter mondialiste.
L'arrêt des négociations à l'OMC devrait être mis à profit pour reconsidérer la philosophie qui anime cette instance.
Cette rencontre a eu lieu le 12 septembre à l'hôtel de ville de Liège. Elle a permis de faire un pas important. Les ministres Courard et Marcourt se sont engagés à soutenir deux avancées proposées par l'ensemble des participants, à savoir : l'organisation d'un débat public au sein du parlement wallon, ainsi qu'une prise de position du gouvernement wallon de déclarer la Région wallonne zone non AGCS. Ce serait une première en Europe, en sachant qu'aux Etats-Unis, les Etats du Maine et de l'Oregon ont officiellement déjà fait une démarche dans ce sens. Étant donné le pouvoir d'intervention du gouvernement wallon dans ce dossier, ce serait bien plus qu'un geste symbolique. Ce serait la manifestation d'un engagement politique fort aux côtés de nombreux démocrates qui assument leur condition de citoyens à d'autres niveaux de responsabilité, en espérant que la Région wallonne assurera le relais.
En prononçant la Région wallonne " zone hors AGCS ", le gouvernement ne mettrait pas en cause le nécessité d'une organisation mondiale du commerce, mais s'engagerait à soutenir et à appuyer une orientation toute différente pour l'avenir des services , qui ne devraient plus être considérés comme des marchandises livrées aux règles de la concurrence, mais comme des biens correspondant à des droits inaliénables et inséparables, permettant à chacun de nous de vivre et de se développer en conformité avec la dignité humaine.
Les villes et les communes, qui sont en première ligne pour assumer cette mission, ont bien compris que l'orientation prise actuellement par l'AGCS ne leur permettait pas d'y répondre. L'arrêt des négociations à l'OMC devrait donc être mis à profit pour reconsidérer la philosophie qui anime cette instance. En Wallonie, le débat est ouvert.
Willy Taminiaux – Président de l'Union des Villes et des Communes, Bourgmestre de La Louvière.
Willy Demeyer – Bourgmestre de Liège.
Claude Emonts – Président du CPAS de Liège, membre du bureau de l'UVCW.
Jacques Van Gompel – Bourgmestre de Charleroi.
Benoît Bennils – secrétaire communal adjoint de la Ville de Charleroi.
Anne Demelenne – Présidente de la FGTB wallonne.
Jean-Claude Vandermeeren – Secrétaire général de la FGTB wallonne.
Claude Raulin – Secrétaire général de la CSC.
Marc Becker – Secrétaire national de la CSC.
Francis De Walque – Groupe AGCS du Forum social de Belgique.
Jos Ovenbuch – Groupe AGCS du Forum social de Belgique.
Extrait du journal Le Soir
Le terrorisme à la sauce belge.

Petite histoire : En 2001, la Belgique préside aux destinées européennes et organise donc comme il se doit une série de sommets européens sur son territoire. Reynders, déjà ministre des finances, en profite pour situer en terre liégeoise un "ECOFIN" (sommets des ministres de l'économie et des finances), au palais des congrès de Liège. Cela se passera les samedi 22 et dimanche 23 septembre 2001...
Depuis Seattle, les grands sommets sont accompagnés de contre-mobilisations sociales, syndicales et associatives. Pour se "prémunir" contre cela, et d’autres choses, le ministre de la justice de l'époque, Marc Verwilgen, a fait promulguer une nouvelle loi, dite de lutte contre les organisations maffieuses et le crime organisé, qui permet aux forces de l' ordre de mener des enquêtes "pro-actives".
Deux événements marqueront cet été 2001 : en juillet le G8 à Gènes et les féroces répressions orchestrées par le gouvernement Berlusconi qui ont conduit, notamment, à l'assassinat de Carlo Guilliani par la police ; et le fameux" 11 septembre à New-York...